La notion d'organisation a grandement évolué depuis son apparition à la fin du 19e siècle. Les pères de l'école classique (Frederick Taylor, aux États-Unis, Max Weber, en Allemagne, et Henri Fayol, en France) voyaient l'entreprise comme une machine rationnelle produisant des biens et services, et dont l'unique but était de maximiser les profits. Ils ne tenaient compte ni des composantes psychologiques ni des composantes sociales ni des réseaux informels. Dans cette conception mécaniste de l'organisation, le travailleur, l'être humain, était un simple rouage.
Quelque 40 ans plus tard, un certain nombre de théoriciens affirment le rôle essentiel du facteur humain et relationnel dans la productivité économique. C'est la naissance de ce qu'on appellera l'école des relations humaines (dont les principaux représentants sont Elton Mayo, Abraham Maslow et Frederick Herzberg). Cette école introduit un changement majeur dans la conception de l'organisation : celle-ci n'est plus considérée comme une machine mais bien comme un organisme vivant. Tout en tenant toujours pour acquis certains aspects du taylorisme (production industrielle, organisation et administration scientifiques du travail, structure hiérarchique), les tenants de l'école des relations humaines identifient de nouvelles structures - les réseaux informels, les groupes, les sociogrammes et soulignent l'existence de problèmes d'interaction entre individus et petits groupes. Mais c'est justement là que le bât blesse. En effet, les chercheurs se concentrent davantage sur l'individu et le groupe que sur l'organisation comme telle. De plus, à l'instar de l'école classique, l'école des relations humaines considère qu'il existe une forme d'organisation idéale.
L'école de la contingence s'oppose à cette vision. S'inspirant de la théorie systémique, cette école de pensée soutient que si toute organisation possède obligatoirement une cohérence interne, elle est liée à son environnement (milieu social, culturel, économique, politique et technologique) et doit mettre en oeuvre des mécanismes régulateurs internes aussi variés que celui-ci. C'est la raison pour laquelle aucune structure organisationnelle ne peut être en soi meilleure qu'une autre. Tout dépend de ce que l'organisation doit accomplir et des caractéristiques de l'environnement dans lequel elle évolue.
Selon les tenants de l'école de la contingence (notamment Paul Roger Lawrence, Jay W. Lorsch et Henry Mintzberg), l'organisation doit trouver un mode de gestion proactif pour prévoir et non simplement s'adapter aux changements provoqués par l'environnement mais, dans la mesure du possible, les maîtriser. Elle doit donc repérer et analyser les intérêts de ses différentes parties prenantes; concevoir de façon systémique les relations qui les unissent; envisager les effets à long terme de ses décisions. En même temps, elle doit s'ouvrir au changement pour assurer son évolution.
Au sein de l'école de la contingence, Henry Mintzberg fait figure de proue. Dans Structure et dynamique des organisations, il présente un modèle qui rend compte de la complexité du phénomène organisationnel, en traitant des parties de base de l'organisation, de ses mécanismes de coordination, des flux qui la traversent, des différents aspects de son environnement et des interrelations entre tous ces paramètres. Cette analyse conduit à une typologie des organisations qui, si elle n'est pas entièrement nouvelle, est très exhaustive. Sans contredit, elle fournira les outils conceptuels nécessaires à la compréhension des organisations afin de les utiliser dans une perspective communicationnelle.